Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’apprennent leur art que par routine, en exécutant les ordres de leurs maîtres et en les voyant faire, et non par vocation naturelle, comme les hommes libres apprennent un art et comme ils l’enseignent à leurs enfants. Reconnais-tu ces deux espèces de médecins ?

CLINIAS.

Qui ne le ferait ?

L’ATHÉNIEN.

Les malades dans les villes sont libres, ou esclaves ; [720c] or as-tu remarqué que les esclaves se font traiter ordinairement par leurs pareils, qui font la médecine en courant par la ville et en restant dans la boutique de leurs maîtres ? ces sortes de médecins n’entrent dans aucun raisonnement avec le malade au sujet de son mal, et ne souffrent pas qu’il en raisonne ; et après avoir prescrit en vrais tyrans, et avec toute la suffisance de gens habiles, ce que la routine leur suggère, ils le quittent brusquement pour aller à un autre esclave malade, déchargeant ainsi leurs maîtres d’une partie [720d] des soins de leur profession. Au contraire le vrai médecin ne visite et ne traite guère que les malades de condition libre comme lui ; il s’informe, ou d’eux-mêmes ou de leurs amis, de l’origine et du progrès du mal ; il demande au malade toute sorte d’éclair-