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ni se plaire les unes aux autres, ni à celles qui ne s’en écartent point. Or Dieu est pour nous la juste mesure de toute chose, beaucoup plus qu’aucun homme ne peut l’être, comme on le prétend[1]. Dieu donc étant ainsi, il n’est point d’autre moyen de s’en faire aimer que de travailler de tout son pouvoir à être ainsi soi-même. [716d] Suivant ce principe, l’homme tempérant est ami de Dieu, car il lui ressemble ; au contraire, l’homme intempérant, loin de lui ressembler, lui est entièrement opposé ; et par là même il est injuste. Il en faut dire autant des autres vertus et des autres vices. Ce principe nous conduit à un autre, le plus beau et le plus vrai de tous : savoir, que de la part de l’homme vertueux, c’est une action louable, excellente, qui contribue infiniment au bonheur de sa vie, et qui est tout-à-fait dans l’ordre, de faire aux Dieux des sacrifices, et de communiquer avec eux par des prières, [716e] des offrandes et un culte assidu ; mais qu’à l’égard du méchant, c’est tout le contraire, parce que l’âme du méchant est impure, au lieu que celle du juste est pure. [717a] Or il ne convient pas à un homme de bien, encore moins à Dieu, de recevoir les dons

  1. L’école de Protagoras. Voyez le Théétète, t. II.