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sel de l’État ; que les lois dont le seul but est l’avantage de quelques uns, appartiennent à des partis et non pas à des gouvernements ; et que ce qu’on y appelle justice n’est qu’un mot. Tout ce que nous disons ici est pour nous affermir dans la résolution où nous sommes de ne conférer dans notre ville [715c] les charges publiques, ni aux richesses, ni à la naissance, ni à la force et à la haute taille, ni à aucun des avantages extérieurs ; mais celui qui se montrera docile envers les lois établies, et qui l’emportera en ce point sur le reste des citoyens, c’est celui-là qu’il faut faire le premier serviteur des lois. Au second rang, il faut placer celui qui s’est ensuite le plus distingué en ce genre ; et ainsi selon le même ordre et dans la même proportion. Au reste, si j’ai appelé [715d] ceux qui commandent serviteurs des lois, ce n’est pas pour introduire une expression nouvelle ; c’est que je suis persuadé que le salut d’un État dépend principalement de là, et que le contraire cause infailliblement sa perte ; c’est que je vois très prochaine la ruine d’un État où la loi est sans force et soumise à ceux qui gouvernent ; et que partout où la loi est souveraine, et où ceux qui gouvernent en sont esclaves, avec le salut public, je vois l’assemblage de tous les biens que les Dieux ont jamais versés sur les États.