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désirs. Voici quelle en fut la cause, à ce qu’on dit. Saturne[1] reconnaissant que nul homme, comme nous l’avons remarqué plus haut, n’était capable de gouverner les hommes avec une autorité absolue, sans tomber dans la licence et l’injustice, établit dans les villes pour chefs [713d] et pour rois, non des hommes, mais des intelligences d’une nature plus excellente et plus divine que la nôtre, les démons, pour faire à notre égard ce que nous faisons nous-mêmes pour les troupeaux de petit et de gros bétail qui sont apprivoisés. En effet nous ne faisons point gouverner les bœufs par des bœufs ni les chèvres par des chèvres ; mais notre espèce, qui l’emporte de beaucoup sur la leur, prend elle-même ce soin. De même ce dieu plein de bonté pour les hommes préposa pour nous gouverner des êtres d’une espèce supérieure à la nôtre, les démons, qui, nous gouvernant avec une égale facilité [713e] de leur part et de la nôtre, firent régner sur la terre la paix, la pudeur, la liberté, la justice, et procurèrent à la race humaine des jours tranquilles et heureux. Ce récit ne sort point de la vérité, et encore aujourd’hui il nous enseigne qu’il n’est point de remède aux vices et aux

  1. Sur le règne de Saturne, voyez l ’Hipparque, le Gorgias et le Politique.