et exposé par là aux insultes de ses ennemis. Par exemple, et n’allez pas croire que ce soit par rancune que je rapporte ce trait, Minos se servit autrefois des grandes forces qu’il avait sur mer pour obliger les habitants de l’Attique [706b] à lui payer un tribut très onéreux. Les Athéniens n’avaient point alors de vaisseaux de guerre comme ils en ont aujourd’hui, et le pays ne leur fournissant point de bois de construction, il ne leur était pas aisé d’équiper une flotte. Ils ne furent donc pas en état de repousser leurs ennemis en devenant tout-à-coup hommes de mer à leur exemple. Mais il leur eût été avantageux de perdre encore un grand nombre de fois sept garçons [706c] avant de se faire marins de soldats de terre et de pied ferme qu’ils étaient, avant de s’accoutumer à faire des descentes et des incursions fréquentes dans le pays ennemi, et à regagner ensuite promptement leurs vaisseaux, avant de se persuader qu’il n’y a point de honte à n’oser soutenir le choc de l’ennemi par peur de la mort, à avoir toujours tout prêts de spécieux prétextes pour se justifier d’avoir perdu leurs armes et d’avoir pris la fuite dans une circonstance qui n’a, dit-on, rien de déshonorant : car ces sortes de discours ne sont que trop ordinaires dans les combats de mer ; et loin qu’on doive tant les
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