Ce que tu dis est très vrai.
A la suite de cette indépendance vient celle qui se soustrait à l’autorité des magistrats : de là on passe au mépris de la puissance paternelle et de la vieillesse ; en avançant dans cette route, et en approchant du terme, on arrive à secouer le joug des lois ; [701c] et lorsqu’on est enfin parvenu au terme même, on ne reconnaît plus ni promesses, ni serments, ni dieux ; on imite et on renouvelle l’audace des anciens Titans, et l’on aboutit, comme eux, au supplice d’une existence affreuse, qui n’est plus qu’un enchaînement et un tissu de maux. Mais à quoi tend tout ceci ? Il me semble nécessaire de tenir de temps en temps ce discours en bride comme un cheval fougueux, de peur que, perdant son frein, il ne nous emporte [701d] violemment bien loin du sujet, et ne nous expose à des chutes ridicules (28). C’est pourquoi demandons-nous à nous-mêmes par intervalles, quand nous avons dit telle ou telle chose, A quoi tend ceci ?