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lieu a été bien mieux gardé en Crète et à Lacédémone. Les Athéniens eux-mêmes et les Perses en étaient beaucoup moins éloignés autrefois [694a] qu’ils ne le sont aujourd’hui. Voulez-vous que nous remontions à la cause de ces changemens ?

CLINIAS.

Il le faut bien, si nous voulons venir à bout de ce que nous nous sommes proposé.

L’ATHÉNIEN.

Entrons donc en matière. Lorsque les Perses commencèrent, sous Cyrus, à marcher par une voie également éloignée de la servitude et de l’indépendance, il leur en revint le double avantage de s’affranchir du joug qu’ils avaient porté jusque là, et de se rendre ensuite maîtres de plusieurs nations. Les chefs en appelant les sujets au partage de la liberté et en les mettant, pour ainsi dire, de niveau avec eux, se concilièrent par cette conduite [694b] l’esprit des soldats, qui bravèrent pour eux tous les dangers. Comme le mérite ne faisait nul ombrage au roi, qu’il donnait à chacun le droit de dire librement son avis, et qu’il comblait d’honneurs ceux qui en ouvraient de bons, tout ce qu’il y avait d’hommes éclairés et de bonnes têtes parmi les Perses ne faisait nulle difficulté de communi-