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qu’il y avait encore dans votre gouvernement je ne sais quelle inflammation, tempéra la force excessive que la naissance donne aux rois, [692a] par l’influence qu’il accorda à la sagesse de l’âge en établissant un sénat de vingt-huit vieillards, dont le pouvoir, dans les matières les plus importantes, contrebalançait celui des rois[1]. Enfin, un troisième sauveur de l’État[2], jugeant qu’il restait encore dans le génie du gouvernement je ne sais quoi de fougueux et de bouillant, lui donna un frein dans l’établissement des éphores, qu’il revêtit d’un autorité presque égale à celle des rois. De cette sorte la royauté, tempérée d’une manière convenable, et ayant trouvé la mesure de force qui lui suffisait, se conserva, [692b] et sauva l’État avec elle ; au lieu qu’avec Témenos, Cresphonte, et les autres législateurs de ce temps, quels qu’ils fussent, on n’aurait pas même

  1. Voyez Hérodote, VI, 57 ; Aristot, Polit., IV, 4 ; Polibe, VI, 8 ; Plutarque, Vie de Lycurgue ; Cicér., De Legibus, III, 7 ; Manso, Sparta, part. I, p. 95, part. II, p. 380.
  2. Le roi Théopompe, environ cent trente ans après Lycurgue. Voyez Aristote, Polit., V, 11 ; Plutarque, ibid. ; Pausanias, III, 11. D’autres auteurs, Hérodote, I, 23, et l’auteur de la huitième lettre attribuée à Platon, rapportent l'établissement des éphores à Lycurgue lui-même.