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puis rien de nouveau en aucun genre, si les connaissances humaines eussent subsisté dans le même état où elles sont aujourd’hui ? Ceux qui survécurent au déluge ne se doutèrent pas que des milliers d’années se fussent écoulées jusqu’à eux ; et il n’y a pas plus de mille ou de deux mille ans qu’ont été faites les découvertes attribuées à Dédale, à Orphée, à Palamède, l’invention de la flûte, qu’on doit à Marsyas et à Olympus, celle de la lyre qui appartient à Amphion, et tant d’autres qui sont d’hier, si je puis m’exprimer ainsi.

L’ATHÉNIEN.

Sais-tu, Clinias, que tu oublies un homme qui te touche de près, et qui n’est véritablement que d’hier ?

CLINIAS.

Parles-tu d’Épiménide ?

[677e] L’ATHÉNIEN.

De lui-même. Il a en effet, selon vous, surpassé en industrie tous les plus habiles, et, comme on dit chez vous, ce qu’Hésiode n’avait fait que deviner, lui l’a exécuté[1].

  1. Épiménide n’ayant pris pendant quelque temps pour toute nourriture que la mauve et l’asphodélus, on attribua à ces deux herbes la vertu de préserver de la faim et de la soif ; et il paraît que les Crétois trouvaient l’indication et en quelque sorte la vaticination de cette recette d’Épiménide dans les vers des Œuvres et des Jours (v. 40, sqq.) où Hésiode fait l’éloge de la mauve et de l’asphodélus. Voyez Meursius, Creta, IV, 12.