Il est inévitable, en effet.
Dans ces moments on se trouve plus vif, plus gai, plus libre et plus hardi qu’à l’ordinaire : on ne sait ce que c’est que d’écouter personne ; on se croit capable de gouverner et soi-même et les autres.
Il est vrai.
C’est alors, disions-nous, que les âmes des buveurs, échauffées par le vin comme le fer par le feu, deviennent plus molles et plus jeunes, en quelque sorte ; de façon qu’elles seraient aussi dociles et aussi flexibles [671c] que celles des enfants entre les mains d’un homme qui aurait l’autorité et la capacité requises pour les dresser et les former. Cet homme est précisément le même que l’excellent législateur : l’effet de ses lois touchant les banquets doit être de faire passer à une disposition tout opposée ce buveur plein de confiance et de hardiesse, qui pousse l’impudence au-delà de toutes bornes, incapable de s’assujettir à l’ordre, de parler, de se taire, de boire et de chanter à son rang ; il faut qu’elles introduisent discrètement en son cœur, pour s’y oppo-