libres ; ou enfin d’accommoder à des figures et à des mesures pleines de noblesse une mélodie ou des paroles d’un caractère opposé. Jamais elles ne mêleraient ensemble des cris d’animaux, [669d] des voix humaines, et des sons d’instruments, ni n’emploieraient cette confusion de toutes sortes de sons pour exprimer une seule chose ; au lieu que nos poètes humains confondant et mêlant ensemble toutes ces choses, sans goût et sans principes, mériteraient d’être moqués de ceux qui, comme dit Orphée, ont reçu en partage un sentiment délicat[1]. A cette confusion, nos poètes ajoutent le défaut contraire, qui est de tout séparer, tantôt présentant [669e] des mesures, des figures et des vers sans mélodie, et tantôt sans paroles des mesures et des mélodies qu’ils exécutent sur le luth ou sur la flûte, de sorte qu’il est fort difficile de deviner ce que signifient ces mesures et cette mélodie dénuées de paroles, ni à quel genre d’imitation un peu raisonnable cela ressemble ; on ne peut au contraire s’empêcher de reconnaître qu’il y a dans tout cela une absence totale de goût, surtout dans cette affectation à accumuler des sons sem-
- ↑ Cette citation orphique manque dans les fragments connus, et dans la collection d’Hermann.