de la vie ; que le plus grand de tous les malheurs pour un homme serait d’être immortel, et de posséder tous les autres biens, hormis la justice et la vertu, et qu’en cet état, plus sa vie serait courte, moins il serait à plaindre ? Vous engagerez, je pense, vous contraindrez même vos poètes à tenir ce langage pour l’instruction de votre jeunesse, et à y conformer leurs mesures et leurs harmonies, n’est-il pas vrai ? Voyez ; pour moi, je vous déclare [661d] nettement que ce qui passe pour un mal dans l’idée du vulgaire, est un bien pour les méchants, et n’est un mal que pour les justes ; qu’au contraire, ce qui est réputé bien, n’est tel que pour les bons, et est un mal pour les méchants. Sommes-nous d’accord ou non sur tout cela, vous et moi ?
Nous le sommes, ce me semble, en certaines choses, et nullement en d’autres.
Peut-être ne puis-je réussir à vous persuader que la santé, la richesse, une autorité sans bornes pour l’étendue et la durée, j’y ajoute encore une vigueur extraordinaire, [661e] du courage, et par-dessus tout cela l’immortalité avec l’exemption de ce qu’on tient communément pour des maux, loin de contribuer au bonheur de la vie, ren-