les vieillards les plus sages et les plus expérimentés. Afin donc que l’âme des enfants ne s’accoutume point à des sentiments de plaisir ou de douleur contraires à la loi et à ce que la loi a recommandé, mais plutôt que dans ses goûts et ses aversions elle embrasse ou rejette les mêmes objets [659e] que la vieillesse, on a dans cette vue inventé les chants, qui sont de véritables enchantements destinés à produire l’accord dont nous parlons ; et parce que les enfants ne peuvent souffrir rien de sérieux, il a fallu déguiser ces enchantements et les employer sous le nom de chants et de jeux, à l’exemple du médecin qui, pour rendre la santé aux malades et aux languissants, fait entrer dans des aliments [660a] et des breuvages flatteurs au goût, les remèdes propres à les guérir, et mêle de l’amertume à ce qui pourrait leur être nuisible, pour les accoutumer pour leur bien à la nourriture salutaire, et leur donner de la répugnance pour l’autre. De même le législateur habile engagera le poète, et le contraindra même s’il le faut, par la rigueur des lois, à exprimer dans des paroles belles et dignes de louange, ainsi que dans ses mesures, ses figures et ses accords, le caractère d’une âme tempérante, forte, vertueuse.
Au nom de Jupiter, penses-tu, étranger, que