nous paraissent valoir infiniment mieux que tout ce qui se fait aujourd’hui dans tout état et dans tout pays.
Sans doute.
Je demeure donc d’accord avec le vulgaire, qu’il faut juger de la musique par le plaisir qu’elle cause, mais non pas aux premiers venus, mais que la plus belle muse est celle qui plaît à ceux qui valent davantage et qui ont reçu une éducation convenable, et plus [659a] encore celle qui plaît à un seul, distingué par la vertu et l’éducation. Et la raison pour laquelle j’exige de la vertu de ceux qui doivent prononcer sur ces matières, est qu’outre les lumières ils ont encore besoin de courage. Il ne convient pas en effet à un vrai juge de juger d’après les leçons du théâtre, de se laisser troubler par les acclamations de la multitude et par sa propre ignorance ; il convient encore moins qu’il aille, contre ses lumières, par lâcheté et par faiblesse, de la même bouche dont il a pris les dieux [659b] à témoin de dire la vérité, se parjurer en trahissant indignement sa pensée. Car ce n’est pas pour être l’écolier des spectateurs, mais leur maître, que le juge est assis apparemment, et pour