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CLINIAS.

Tu as raison.

L’ATHÉNIEN.

Soit. En quoi donc ferons-nous consister la beauté d’une figure ou d’une mélodie ? Dis-moi : les gestes et le ton de voix d’un homme de cœur [655a] dans une situation pénible et violente ressemblent ils à ceux d’un homme lâche en pareille circonstance ?

CLINIAS.

Comment cela se pourrait-il, puisque alors les couleurs même ne se ressemblent pas ?

L’ATHÉNIEN.

Fort bien, mon cher Clinias : mais la musique ayant pour objet la mesure et l’harmonie, embrasse à la fois les figures et les mélodies, de sorte qu’on peut dire d’une figure qu’elle est bien mesurée, d’une mélodie qu’elle est harmonieuse ; mais on ne peut pas dire également que l’une ou l’autre soit bien colorée, et les maîtres de chœur ont tort d’user de cette métaphore[1]. Et quant à la figure et à l’accent de

  1. Elle était très fréquente dans la musique ancienne; et même une de ses parties fondamentales s’appelait Chromatique. Nous avons conservé le mot et la chose dans la musique moderne. Voyez, pour les détails, Suidas, Χρῶμα, Athen. interpp. Schweigh, t. VII, p. 483.