dirons-nous, que les Dieux n’ont point fait présent aux hommes d’un semblable remède contre la crainte, et que nous n’en avons pas imaginé nous-mêmes (car je ne mets pas les enchanteurs de la partie) ; mais n’avons-nous pas un breuvage dont l’effet est d’inspirer une sécurité et une confiance téméraire et hors de propos ? Qu’en dis-tu ?
Nous en avons un, répondra-t-il, et c’est le vin.
Cette boisson n’a-t-elle pas une vertu tout opposée à celle dont nous venons de parler, rendant d’abord l’homme plus gai qu’auparavant ; ensuite, à mesure qu’il en boit, le remplissant de mille belles espérances, et lui donnant une idée plus avantageuse de sa puissance ; à la fin lui inspirant une pleine assurance de parler de tout, comme s’il n’ignorait de rien, et le rendant tellement libre, tellement supérieur à toute crainte, qu’il dit et fait sans balancer tout ce qui lui vient dans l’esprit ?
Tout le monde en conviendra avec toi.
Sans contredit.