Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie à rappeler les politiques de son temps à la vertu ; et lui-même, à le considérer sous le point de vue le plus général, est par-dessus tout un grand moraliste. Il était tout simple que l'homme d'état s'en ressentît.

Il n'y a pas un de ses dialogues où il ne rappelle la politique à la morale. Partout il réprimande la folie de ceux qui entreprennent de gouverner les autres quand ils ne savent pas se gouverner eux-mêmes. Partout il signale avec force la fragilité d'un ordre social où tous les citoyens ne cherchent qu'à se surpasser les uns les autres, et où l'ambition, la cupidité, la vanité, l'égoïsme, sont dans tous les cœurs. Le Gorgias est une protestation sublime contre cette politique corrompue; mais il y a loin encore du Gorgias à la République. La République est la conception d'un État fondé exclusivement sur la vertu. Platon