Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

insensés, opposés l’un à l’autre, qu’on appelle le plaisir et la douleur ?

CLINIAS.

La chose est ainsi.

L’ATHÉNIEN.

Il y faut ajouter le pressentiment du plaisir et de la douleur à venir, auquel on donne le nom commun d’attente : l’attente de la douleur se nomme proprement crainte, et celle du plaisir, espérance. À toutes ces passions préside la raison, qui prononce sur ce qu’elles ont de bon ou de mauvais : et lorsque le jugement de la raison devient la décision commune d’un État, il prend le nom de loi.

CLINIAS.

J’ai quelque peine à te suivre. Ne laisse pas cependant de continuer.

MÉGILLE.

Je suis dans le même cas que Clinias.

L’ATHÉNIEN.

Formons-nous maintenant de tout cela l’idée suivante. Figurons nous que chacun de nous est une machine animée sortie de la main des Dieux, soit qu’ils l’aient faite pour s’amuser, ou qu’ils aient eu quelque dessein sérieux : car nous n’en savons rien. Ce que nous savons, c’est que les passions dont nous venons de parler sont