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vent, par forme de louange ou de mépris, nous disons de certaines gens qu’ils ont de l’éducation ou qu’ils n’en ont pas, alors même qu’ils en ont reçu une très bonne dans le trafic, dans le commerce de mer, et en d’autres professions semblables. C’est qu’apparemment ce n’est pas là ce que nous appelons éducation, et que pour nous l’éducation proprement dite est celle qui a pour but de nous former à la vertu dès notre enfance, et qui nous inspire le désir ardent d’être des citoyens accomplis, instruits à commander et à obéir selon la justice. C’est celle-là que nous cherchons à définir, et qui, ce me semble, mérite seule le nom d’éducation. Quant à celle qui est dirigée vers les richesses, la vigueur du corps, et quelque talent que ce soit, où la sagesse et la justice n’entrent pour rien, c’est une éducation basse et servile, ou plutôt elle est indigne de porter ce nom. Mais ne disputons pas sur les termes avec le vulgaire. Tenons seulement pour constant ce qui vient d’être reconnu, que ceux qui ont été bien élevés deviennent d’ordinaire des hommes estimables ; qu’ainsi on ne doit jamais mépriser l’éducation, car de tous les avantages c’est le premier pour la vertu ; et que si elle manque, et qu’on puisse réparer ce malheur, il