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degré, m’a toujours paru véritable. Ce sont en effet les seuls qui ne doivent point leur vertu à une éducation forcée ; elle naît en quelque sorte avec eux ; ils la tiennent des Dieux en présent ; elle est franche, et n’a rien de fardé. Ainsi pour ce qui me regarde, dis avec confiance tout ce que tu jugeras à propos.

CLINIAS.

Étranger, lorsque tu auras entendu et reçu favorablement ce que j’ai à te dire de mon côté, j’espère que tu ne te croiras pas gêné en parlant devant moi. Tu connais sans doute de réputation Épiménide, cet homme divin. Il était de Cnosse, et de notre famille. Dix ans[1] avant la guerre des Perses, étant allé à Athènes par ordre de l’oracle, il y fit certains sacrifices que le Dieu lui avait prescrits ; et comme les Athéniens étaient dans l’attente de l’invasion des Perses, il leur prédit que les Perses ne viendraient pas de dix ans, et qu’après avoir vu échouer leur entreprise, ils s’en retourneraient, ayant fait moins de mal aux Grecs qu’ils n’en auraient reçu d’eux. Alors vos ancêtres accordèrent à ma famille le droit d’hospitalité ; et depuis ce temps-là de

  1. Voyez Thucydide, I, 126. Plutarque, Vie de Solon. Diogène de Laerte, I, 110.