là dans des charrettes[1] ; ni comme à Tarente, une de nos colonies, où je vis toute la ville plongée dans l’ivresse le jour des Bacchanales. Il ne se passe rien de semblable chez nous.
Étranger lacédémonien, ces sortes de divertissements n’ont rien que de louable lorsqu’on y apporte une certaine modération ; ils n’énervent que lorsqu’ils sont excessifs. D’ailleurs nos Athéniens pourraient vous rendre la pareille, en vous reprochant la licence où vous laissez vivre vos femmes[2]. Enfin, à Tarente, ainsi que chez nous et chez vous, une seule raison suffit pour justifier tous les usages semblables, et montrer qu’ils sont bien établis ; c’est que chacun ne manquera pas de répondre à l’étranger qui témoignerait sa surprise à la vue d’un usage auquel il n’est pas accoutumé : Étranger, ne t’étonne pas ; telle est la loi parmi nous ; peut-être en suivez-vous une autre. Mais dans cet entretien, mes chers amis, il ne s’agit pas des préju-
- ↑ À Athènes, durant les Bacchanales, des gens barbouillés de lie allaient par les rues dans des charrettes, et disaient des injures aux passants. Ils représentaient aussi des farces, et c’est à ce grossier divertissement qu’on doit l’origine du plus noble des spectacles.
- ↑ Voyez, Aristote, Polit., II, 9.