tissant l’antique loi instituée par la nature sur les plaisirs de l’amour, non seulement pour les hommes, mais aussi pour les animaux : et c’est à vos deux cités surtout, et aux autres États où les gymnases sont introduits, qu’il faut attribuer la cause de ce désordre. De quelque façon qu’on veuille envisager les plaisirs de l’amour, sérieusement ou en badinant, il paraît certain que la nature les a attachés à cette union des deux sexes qui a pour fin la génération ; et que toute autre union des mâles avec les mâles, ou des femelles avec les femelles, est un attentat contre la nature que l’excès de l’intempérance a pu seul inventer. Tout le monde accuse les Crétois d’avoir fabriqué la fable de Ganymède[1]. Jupiter passant pour l’auteur de leurs lois, ils ont imaginé cette fable sur son compte, afin de pouvoir goûter ce plaisir à l’exemple de leur dieu ; mais laissons-là cette fiction. Lorsque les hommes se proposent de faire des lois, presque toute leur attention doit rouler sur ces deux grands objets : le plaisir et la douleur, tant par rapport aux mœurs publiques qu’à celles des particuliers. Ce sont deux sources ouvertes par la nature, et qui coulent sans cesse. Tout État, tout homme,
- ↑ Sur la fable de Ganymède, voyez Pindare, Olympic, I, 69.