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une constitution pour Mégalopolis[1]. Il ne faut donc pas regarder les Lois comme le rêve d'un solitaire étranger aux choses de ce monde. Sans doute cet ouvrage repose sur un système; mais toute législation digne de ce nom est un système; et s'il se propose un but élevé, il veut y conduire l'humanité sans sortir des limites de la réalité et de l'expérience. C'est donc ici un véritable livre de Politique, qui, pour l'originalité et la richesse des vues, occupe un rang très élevé parmi le petit nombre de livres politiques que nous possédons. On ne peut pas concevoir que la Politique d'Aristote eût pu être sans les Lois de Platon. Les Lois, sans être purement spéculatives, le sont plus que la Politique, et celle-ci, quoique spéculative aussi, c'est-à-dire une et pénétrée d'un seul et même esprit, est plus

  1. Diogène de Laerte, liv. III, ch. 23 et Élien, liv. II, ch. 42.