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pas possible, si, comme le veut Protarque, le défenseur du plaisir, on soutient que tous les plaisirs sont semblables et identiques l’un à l’autre dans l’unité du plaisir. Socrate, défenseur de la science, objecte qu’à le prendre ainsi, lui-même pourrait soutenir que la science étant toujours la science, toutes les sciences sont identiques, ce qui empêcherait toute analyse, et par conséquent toute discussion. Tout cela serait agir sans bonne foi. « Si par hasard, dit Socrate, en examinant les sciences, il s’en rencontrait d’opposées, serais-je digne de disputer avec toi, si, dans la crainte de reconnaître cette opposition, je disais qu’aucune science n’est différente d’une autre, en sorte que cette conversation s’en allât en un vain propos, et que nous nous tirassions d’affaire au moyen d’une absurdité ! Mais non, il ne faut pas que cela nous arrive ; tirons-nous d’affaire, à la bonne heure, mais évitons l’absurdité. Mon avis est que nous mettions de l’égalité entre nous dans cette discussion : qu’il y ait donc plusieurs plaisirs et qu’ils soient dissemblables, plusieurs sciences et qu’elles soient différentes. Ainsi, Protarque, ne dissimulons pas que mon bien et le tien renferment chacun en lui-même des élémens différens ; exposons hardiment au grand jour cette différence ; peut-être qu’après avoir été discutée, elle nous fera connaître s’il faut dire que le plaisir est le bien, ou si c’est la sagesse… »