Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je ne me suis pas trompé sur la source de ces calomnies : et vous vous en convaincrez aisément, si vous voulez vous donner la peine d’approfondir cette affaire, ou maintenant ou plus tard.

Voilà contre mes premiers accusateurs une apologie suffisante ; venons présentement aux derniers, et tâchons de répondre à Mélitus, cet homme de bien, si attaché à sa patrie, à ce qu’il assure. Reprenons cette dernière accusation comme nous avons fait la première ; voici à-peu-près comme elle est conçue : Socrate est coupable, en ce qu’il corrompt les jeunes gens, ne reconnaît pas la religion de l’état, et met à [24c] la place des extravagances démoniaques[1]. Voilà

  1. Les termes de l’accusation sont un peu altérés ici. Xénophon (Apologie et faits mémorables de Socrate) les rapporte avec quelques légères différences. Diogène Laërce donne l’acte d’accusation, tel qu’il était encore conservé de son temps, au témoignage de Phavorinus, dans le temple de Cybèle, qui servait de greffe aux Athéniens. Voici cet Acte :
    « Mélitus, fils de Mélitus, du bourg de Pithos, accuse par serment Socrate, fils de Sophronisque, du bourg d’Alopèce : Socrate est coupable en ce qu’il ne reconnaît pas les dieux de la république, et met à leur place des extravagances démoniaques. Il est coupable en ce qu’il corrompt les jeunes gens. Peine, la mort » (DIOG. LAERCE, liv. II, chap. 40).