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ces termes : Outre les plaisirs véritables, dirons-nous, avez-vous encore besoin de la compagnie des plaisirs les plus grands et les plus vifs ? Comment, répliqueront-elles, en aurions-nous affaire, Socrate, puisqu’ils nous apportent une infinité d’obstacles, en troublant par des joies excessives les âmes où nous habitons, qu’ils nous empêchent même d’y prendre naissance, et font périr nos enfans la plupart du temps par la négligence et par l’oubli ? Mais pour les plaisirs véritables et purs dont tu as parlé, regarde-les comme nos amis ; joins-y ceux qui accompagnent la santé et la tempérance, et qui formant, pour ainsi dire, le cortège de la vertu, comme celui d’une déesse, marchent partout à sa suite : fais entrer ceux-là dans le mélange. Mais quant à ceux qui sont toujours à la suite de la folie et du vice, il y aurait de l’absurdité à les associer à l’intelligence, pour quiconque se proposerait de faire le mélange le plus beau, le plus exempt de sédition, et où l’on pût voir quel est le bien de l’homme et de tout l’univers, et quelle idée on doit se former de son essence. Ne dirons-nous pas que l’intelligence a répondu avec bien de la raison, et comme on devait l’attendre d’elle, pour elle-même, pour la mémoire, et pour la vraie connaissance ?