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c’était que Chérephon[1], et quelle ardeur il mettait dans tout ce qu’il entreprenait. Un jour, étant allé à Delphes, il eut la hardiesse de demander à l’oracle (et je vous prie encore une fois de ne pas vous émouvoir de ce que je vais dire) ; il lui demanda s’il y avait au monde un homme plus sage que moi : la Pythie lui répondit qu’il n’y en avait aucun[2]. À défaut de Chérephon, qui est mort, son frère, qui est ici, [21b] pourra vous le certifier. Considérez bien, Athéniens, pourquoi je vous dis toutes ces choses, c’est uniquement pour vous faire voir d’où viennent les bruits qu’on a fait courir contre moi.

  1. Aristophane dans les Nuées se moque de ce Chérephon et de son zèle pour la philosophie de Socrate. Le Scholiaste (Nuées, v. 501, seqq.) ajoute encore au texte. Voyez dans Xénophon (faits mémorables de Socrate) ce qu’en dit son frère Chérécrate. — L’exil auquel Socrate fait ici allusion, est l’exil auquel furent condamnés les principaux citoyens d’Athènes, par les trente tyrans. Les bannis rentrèrent à Athènes trois ans après, et le procès de Socrate eut lieu l’année suivante.
  2. On rapporte assez diversement la réponse de la Pythie. Le Scholiaste d’Aristophane (Nuées, v. 144) lui fait dire : « Sophocle est sage ; Euripide plus sage que Sophocle ; mais Socrate est le plus sage de tous les hommes. » Selon Xénophon (Apologie de Socrate), Apollon répondit : « Qu’il n’y avait aucun homme plus libre, plus juste, plus sensé. »