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et qui a donné à Mélitus la confiance de me traduire devant le tribunal. Voyons ; que disent mes calomniateurs ? Car il faut mettre leur accusation dans les formes, et la lire comme si elle était écrite, et le serment prêté[1] : Socrate est un homme dangereux qui, par une curiosité criminelle, veut pénétrer ce qui se passe dans le ciel et sous la terre, fait une bonne cause d’une mauvaise, [19c] et enseigne aux autres ces secrets pernicieux. Voilà l’accusation ; c’est ce que vous avez vu dans la comédie d’Aristophane, où l’on représente un certain Socrate, qui dit qu’il se promène dans les airs et autres semblables extravagances[2] sur des choses où je n’entends absolument rien ; et je ne dis pas cela pour déprécier ce genre de connaissances, s’il y a quelqu’un qui y soit habile (et que Mélitus n’aille pas me faire ici de nouvelles affaires) ; mais c’est qu’en effet, je ne me suis jamais mêlé de ces matières, et je puis

  1. A Athènes, les deux parties prêtaient serment. L’accusateur jurait le premier qu’il dirait la vérité ; l’accusé protestait de son innocence. Ce double serment s’appelait ἀντωμοσία. On appelait aussi ἀντωμοσία la formule de l’accusation avec serment. C’est dans ce sens que Platon dit ici : ἀντωμοσίαν ἀναγνῶναι, lire l’accusation rédigée en forme, et le serment prêté par l’accusateur.
  2. ARISTOPH. Nuées, v. 221, seqq. Cette pièce avait été jouée vingt-quatre ans avant le procès de Socrate.