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l’intelligence, toi que la volupté est la principale cause du bonheur de cet état mixte ; et de cette sorte, quoique ni l’une ni l’autre ne soit le bien, l’une ou l’autre pourrait être regardée comme en étant la cause. Or, sur ce point, je suis plus disposé que jamais à soutenir contre Philèbe que, quelle que soit la chose qui rend cette vie mélangée desirable et bonne, l’intelligence a plus d’affinité et de ressemblance avec elle que la volupté. Et, dans cette supposition, on peut dire avec vérité que la volupté n’a droit de prétendre ni au premier, ni au second prix ; elle est même encore plus éloignée du troisième, s’il faut ajouter foi à mon intelligence.

PROTARQUE.

Il paraît, Socrate, que voilà la volupté hors de combat, frappée en quelque manière par les raisons que tu viens d’exposer : elle aspirait au premier prix, et la voilà terrassée. Mais, selon toute apparence, il faut dire aussi que l’intelligence aurait tort de prétendre à la victoire : car elle serait dans le même cas. Mais si la volupté était privée du second prix, ce serait une ignominie pour elle auprès de ses amans, et à leurs yeux elle perdrait beaucoup de sa beauté.

SOCRATE.

Mais quoi ? ne vaut-il pas mieux laisser désormais le plaisir tranquille, au lieu de lui faire