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PHILÈBE.


mettre ces sortes d’unités, comme réellement existantes. Puis on demande comment chacune d’elles est toujours la même, et peut, sans admettre en soi ni génération, ni corruption, rester constamment la même unité ; ensuite, s’il faut dire que cette unité existe dans les êtres soumis à la génération et infinis en nombre, divisée par parcelles et devenue plusieurs, ou que dans chacun elle est tout entière, bien que hors d’elle-même : ce qui paraît la chose du monde la plus impossible, qu’une seule et même unité existe à-la-fois dans une et plusieurs choses. Ce sont ces questions, Protarque, qui sont la source des plus grands embarras, lorsqu’on y répond mal, et aussi des plus grandes clartés, lorsqu’on y répond bien.

PROTARQUE.

N’est-ce point par là, Socrate, qu’il nous faut d’abord entrer en matière ?

SOCRATE.

Oui, à ce que je pense.

PROTARQUE.

Sois persuadé que tous tant que nous sommes ici[1], nous pensons comme toi sur ce point. Pour Philèbe, peut-être est-ce le mieux de ne pas lui

  1. Ce qui semble indiquer des personnages muets dans ce dialogue.