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bonheur étant essentiellement relatif, relatif à celui qui l’éprouve, varie nécessairement dans l’infinie variété des individus et des circonstances, et ne peut, par conséquent, devenir un principe de législation morale. Quels sont donc les caractères qui distinguent le principe moral ? Ceux-là mêmes qui distinguent les vrais principes métaphysiques, l’universalité et la nécessité, c’est-à-dire, en morale, l’obligation. Ôtez ces deux caractères, il vous reste les conseils et les calculs de la prudence ; mais vous n’avez plus de devoir, le devoir n’étant pas si on peut l’éluder sous quelque prétexte, et n’étant pour personne, si un seul en est délié. Or, en descendant en soi-même, on y trouve cette notion sacrée du devoir, marquée avec éclat de ces deux nobles attributs d’universalité et d’obligation absolue. — Mais si c’est la raison pure qui révèle et qui fonde la loi du devoir et le principe universellement obligatoire de la justice, il suit que ce principe