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exister et se maintenir. Or, le plaisir n’est qu’un phénomène, un accident qui paraît et disparaît, et qui même, pendant l’instant où il passe, change sans cesse et admet sans cesse du plus et du moins, caractère incompatible avec ce qui existe en soi : le plaisir est donc relatif à une autre chose, laquelle nécessairement doit être absolue. L’existence absolue à laquelle le plaisir se rapporte lui est donc supérieure, et l’exclut du premier rang ; si elle est le bien, le plaisir ne peut l’être. Il suffit de distinguer l’existence absolue et l’existence phénoménale pour comprendre qu’il est impossible de mettre le bien dans le plaisir. Que penser après cela des philosophes, qui au lieu de rapporter le phénomène à l’existence, le plaisir à son principe, rapportent leur vie tout entière au plaisir comme à l’existence elle-même, subissant ainsi toutes les conséquences de cette subversion de l’ordre, et soumettant leur destinée aux conditions inévitables de tout phéno-