Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/638

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dieu lui-même. Aussi l’antagoniste de Socrate, Protarque, avançant que, sur ce principe, il n’y a pas apparence que les dieux soient sujets à la joie et à la douleur, Socrate répond qu’assurément il n’y a pas apparence, la joie et la douleur contenant quelque chose d’indécent qui dégraderait la majesté divine. Le plaisir et la peine sont donc des affections d’un rang inférieur.

2o Le plaisir et la peine ne se rencontrent pas seulement dans la sensation ; tous les accidens sensitifs s’évanouiraient sans laisser aucune trace, sans retenir aucun lien entre eux, si la mémoire ne les conservait en les coordonnant, ou plutôt, c’est la réminiscence qui opère ce prodige, car il y a deux mémoires : l’une, passive comme la sensation, la réfléchit involontairement et accidentellement par une bonne fortune sur laquelle on ne peut pas toujours compter, qui dure peu, et qui ne va jamais jusqu’à reproduire un ensemble dans toute son in-