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sir en soi à une condition qui le frappe lui-même d’impossibilité.

Or, si telle est la vie de plaisir considérée en elle-même, indépendamment de tout ce qui n’est pas rigoureusement elle, satisfait-elle à la définition du souverain bien ? une pareille vie suffit-elle à l’homme ?

Maintenant essayons l’hypothèse contraire. Supposons une vie toute de raison, où la science, la mémoire, la prévoyance, la sagesse, soient réunies au plus haut degré, à condition qu’il n’y ait aucun plaisir, ni petit ni grand, et, par conséquent, aucune émotion, aucun sentiment à proprement parler. Pensons-y bien, retranchons avec les plaisirs des sens, ceux de la vertu, de la science, de l’intelligence ; tout élément de plaisir, quels qu’en soient la source, la forme, le degré, devant être impitoyablement écarté. Et après cela, demandons-nous avec sincérité si cette sublime et abstraite existence suffit aux entrailles de l’homme, et si l’âme