savoir aussi dans la mémoire, et se souvenir c’est connaître dans le passé, comme prévoir c’est connaître dans l’avenir. Or, n’oublions pas qu’il ne faut mêler aucune connaissance au plaisir ; il faut donc lui retrancher aussi la connaissance des plaisirs passés, puisque c’est une connaissance. Le voilà donc borné au présent ; le voilà renfermé dans les étroites limites de l’instant qui passe, qui tout-à-l’heure n’était pas pour le plaisir sans prévoyance, qui bientôt ne sera plus pour le plaisir privé de mémoire. Eh bien, cet étroit espace ne lui restera pas même. En effet, la sensation du plaisir présent, et en général toute sensation, est un fait complexe. L’un de ses termes est, si je puis m’exprimer ainsi, la matière de la sensation, à savoir, l’impression extérieure faite sur l’organe, l’irritation intérieure qui y répond, et l’ensemble de mouvemens et de phénomènes physiologiques qui en résultent. Que ces mouvemens et phénomènes se passent dans une substance divisible
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