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férens de celles à qui on les joint ; qu’il faudrait énoncer l’élément en lui-même, si cela était possible, et s’il avait une explication qui lui fût propre, au moyen de laquelle on pût l’énoncer sans le secours d’aucune autre chose ; mais qu’il est impossible d’expliquer aucun des premiers élémens, et qu’on ne peut que les nommer simplement, parce qu’ils n’ont rien au-delà du nom : qu’au contraire pour les êtres composés de ces élémens, comme il y a une combinaison de principes, il y en a aussi une de noms qui permet alors la démonstration ; car celle-ci résulte essentiellement de l’assemblage des noms : qu’ainsi les élémens ne sont ni explicables, ni connaissables, mais seulement sensibles, tandis que les composés peuvent être connus, énoncés, et tombent sous un jugement vrai : que, par conséquent, quand on portait sur quelque objet un jugement vrai, mais destitué d’explication, l’âme à la vérité pensait juste sur cet objet, mais ne le connaissait pas, parce qu’on n’a point la science d’une chose, tant qu’on n’en peut ni donner ni entendre l’explication ; mais que lorsqu’on joignait l’explication au jugement vrai, on était alors en état de connaître, et on avait tout ce qui est requis pour la science. Est-ce ainsi que tu as entendu ce songe, ou de quelque autre manière ?