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infinité de fois ces expressions, nous connaissons, nous ne connaissons pas ; nous savons, nous ne savons pas ; comme si nous nous comprenions de part et d’autre, tandis que nous ignorons encore ce que c’est que la science ; et, pour t’en donner une nouvelle preuve, à ce moment même nous nous servons de ces mots, ignorer, comprendre, comme s’il nous était permis de nous en servir, privés que nous sommes de la science.

THÉÉTÈTE.

Comment donc converseras-tu, Socrate, si tu n’emploies aucune de ces expressions ?

SOCRATE.

D’aucune manière, il est vrai, tant que je serai ce que je suis. Il est certain du moins que si j’étais un disputeur, ou qu’il se trouvât ici un homme de ce genre, il nous ordonnerait de nous en abstenir, et nous tancerait vivement sur les mots dont je me sers. Mais puisque nous sommes de pauvres discoureurs, veux-tu que je m’enhardisse à t’expliquer ce que c’est que savoir ? Aussi bien je pense que cela nous avancera de quelque chose.

THÉÉTÈTE.

Ose donc, par Jupiter. On te fera grâce aisément des expressions que tu emploieras.