Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/570

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trompant, et prenant l’un pour l’autre, comme ceux qui mettent la chaussure d’un pied à l’autre pied, j’applique la vision de l’un et de l’autre au signalement qui lui est étranger, ou j’éprouve la même chose que quand on regarde dans un miroir, la vision, passe de droite à gauche, et je tombe ainsi dans l’erreur ; c’est alors qu’il arrive qu’on prend une chose pour une autre, et qu’on porte un jugement faux.

THÉÉTÈTE.

Cette comparaison, Socrate, est une peinture admirable du jugement.

SOCRATE.

Et encore, lorsque vous connaissant tous deux, j’ai outre cela la sensation de l’un et non de l’autre, et que la connaissance que j’ai de cet autre n’est point due à la sensation : ce que je voulais dire précédemment, et que tu n’as pas saisi alors.

THÉÉTÈTE.

Non, vraiment.

SOCRATE.

Je disais donc que si on connaît une personne, si on la sent, et si on en a une connaissance distincte par la sensation, jamais on ne s’imaginera que c’est une autre personne, que l’on connaît, que l’on sent, et dont a pareillement une