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pas davantage ; et ce qu’on ne sent pas, autre chose que l’on sent. Il est encore plus impossible, si cela se peut, que ce qu’on sait et que l’on sent et dont on a l’empreinte par la sensation, on se figure que c’est quelque autre chose qu’on sait et qu’on sent aussi, et dont on a pareillement l’empreinte par la sensation. Il est également impossible que ce qu’on sait, ce qu’on sent, et dont on conserve une image gravée dans la mémoire, on s’imagine que c’est quelque autre chose que l’on sait ; et encore que ce qu’on sait, ce qu’on sent, et dont on garde le souvenir, est autre chose que l’on sent ; et que ce qu’on ne sait ni ne sent, est autre chose qu’on ne sait ni ne sent pareillement ; et ce qu’on ne sait ni ne sent, autre chose qu’on ne sait point ; et ce qu’on ne sait ni ne sent, autre chose qu’on ne sent point. Il est de toute impossibilité qu’en tous ces cas on juge faux. Reste donc, si le jugement faux a lieu quelque part, que ce soit dans les cas suivants.

THÉÉTÈTE.

Dans quels cas ? Peut-être comprendrai-je mieux par là ce que tu dis : car pour le présent je ne te suis guère.

SOCRATE.

Par rapport à ce qu’on sait, lorsqu’on s’ima-