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où il puisse se mouvoir. Quel parti prendrons-nous, mon ami, par rapport à tous ces gens-là ? En avançant peu-à-peu, nous voilà tombés au milieu des uns et des autres, sans nous en apercevoir ; et si nous ne leur échappons par une vigoureuse défense, nous en porterons la peine, comme ceux qui dans la palestre se trouvent en jouant sur la ligne qui sépare les deux partis sont pris par les uns et par les autres, et tirés à-la-fois vers les côtés opposés[1]. Il me paraît donc qu’il nous faut commencer par ceux que nous avons déjà entrepris, les philosophes du mouvement perpétuel ; et si nous jugeons qu’ils ont raison, nous nous joindrons à eux, et tâcherons d’échapper aux autres. S’il nous semble au contraire que la vérité est pour les partisans du repos, nous nous mettrons de leur côté, et abandonnerons ceux qui mettent en mouvement jusqu’à l’immobile. Enfin, s’il nous paraît que ni les uns ni les autres ne disent rien de raisonnable, nous serions ridicules de croire que des petits esprits comme nous puissent trouver quelque chose de bon, quand nous aurons condamné des hommes vénérables par leur antiquité et leur sagesse. Vois donc, Théodore, s’il est bon de courir un si grand danger.

  1. Jeu que Pollux appelle ἑλκυστίνδα. IX, 112.