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qu’il ne peut se dispenser de reconnaître qu’un homme est plus savant qu’un autre ; que celui-là est la vraie mesure, et que pour moi qui suis un ignorant, nulle raison ne m’oblige à l’être, comme le discours que j’ai prononcé pour sa défense voulait m’y contraindre malgré moi.

THÉODORE.

Il me paraît, Socrate, que le sentiment de Protagoras est convaincu de faux par cet endroit, et encore par celui où lui-même garantit la certitude des opinions des autres, quoique ces opinions, comme nous l’avons vu, rejettent précisément ce qu’il avance.

SOCRATE.

Il est aisé, Théodore, de démontrer par bien d’autres preuves que toutes les opinions de tout homme ne sont pas vraies. Mais quant aux impressions que chacun reçoit, impressions d’où naissent les sensations et les opinions qui en dérivent, il est plus difficile de prouver qu’elles ne sont pas vraies. Peut-être même y a-t-il une impossibilité absolue ; peut-être ceux qui prétendent qu’elles contiennent la vérité de la science disent-ils la vérité, et Théétète ne s’est-il pas trompé en assurant que la sensation et la science sont une même chose. Il faut donc