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THÉODORE.

Sans doute.

SOCRATE.

Interrogeons donc de cette manière Protagoras, ou quelqu’un de ses partisans : L’homme, dis-tu, Protagoras, est la mesure de toutes les choses, blanches, pesantes, légères, et de toutes les autres semblables, parce qu’ayant en soi la règle pour en juger, et se les représentant telles qu’il les sent, son opinion est toujours vraie et réelle par rapport à lui. N’est-ce pas ?

THÉODORE.

Oui.

SOCRATE.

Mais dirons-nous également, Protagoras, [178c] que l’homme a en lui la règle propre à juger les choses à venir, et qu’elles deviennent pour chacun telles qu’il se figure qu’elles seront ? En fait de chaleur, par exemple, quand un homme pense que la fièvre le saisira et qu’il éprouvera cette espèce de chaleur, et qu’un médecin pense le contraire, suivant laquelle de ces deux opinions dirons-nous que la chose arrivera ? ou bien sera-ce suivant toutes les deux, en sorte que pour le médecin cet homme n’aura ni chaleur ni fièvre, et que pour lui-même il aura l’une et l’autre ?