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conforme au modèle qu’ils ont choisi d’imiter. Et si nous leur disons que, s’ils ne renoncent à cette habileté prétendue, ils seront exclus après leur mort du séjour où les méchans ne sont point admis, et que pendant cette vie ils n’auront d’autre compagnie que celle qui convient à leurs mœurs, savoir, d’hommes aussi méchans qu’eux, dans le délire de leur sagesse, ils traiteront ces discours d’extravagances.

THÉODORE.

Il n’est que trop vrai, Socrate.

SOCRATE.

Oui, mon cher. Mais voici ce qui leur arrive : lorsqu’on les presse dans un entretien particulier d’expliquer leur mépris pour certaines choses, et d’écouter les raisons d’autrui, pour peu qu’ils veuillent soutenir durant quelque temps la discussion et ne point quitter lâchement la partie, ils se trouvent à la fin, mon cher ami, dans un embarras extrême ; rien de ce qu’ils disent ne les satisfait, et toute cette rhétorique s’évanouit, au point qu’on les prendrait pour des enfans. Mais quittons ce propos, qui d’ailleurs n’est qu’un hors-d’œuvre ; sinon, les digressions venant sans cesse l’une après l’autre nous feront perdre de vue le premier