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rit de ce qu’il n’a pas la force de se délivrer d’aussi folles idées. Dans toutes ces occasions, le vulgaire se moque du philosophe, qui tantôt lui paraît plein d’orgueil et de hauteur, tantôt aveugle pour ce qui est à ses pieds, et embarrassé sur toutes choses.

THÉODORE.

Il faut bien l’avouer, Socrate.

SOCRATE.

Mais, mon cher, lorsque le philosophe peut à son tour attirer quelqu’un de ces hommes vers la région supérieure, et que celui-ci consent à passer de ces questions, Quelle injustice te fais-je ? ou, Quelle injustice me fais-tu ? à la considération de la justice et de l’injustice en elles-mêmes, de leur nature, du caractère qui les distingue l’une de l’autre et de tout le reste ; ou bien de la question si un roi est heureux ou celui qui possède de grands trésors, à l’examen de la royauté, et en général de ce qui fait le bonheur ou le malheur de l’homme, pour voir en quoi l’un et l’autre consiste, et de quelle manière il faut rechercher l’un et fuir l’autre : quand il faut que cet homme, dont l’âme est petite, âpre, exercée à la chicane, s’explique sur tout cela, c’est alors le tour de la philosophie. Suspendu en l’air, et n’étant pas accoutumé à regarder les choses de si haut, la tête