Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/512

Cette page a été validée par deux contributeurs.

surant, selon l’expression de Pindare[1], et les profondeurs de la terre et l’immensité de sa surface ; s’élevant jusqu’aux cieux pour y contempler la course des astres, portant un œil curieux sur la nature intime de toutes les grandes classes d’êtres dont se compose cet univers, et ne s’abaissant à aucun des objets qui sont tout près d’elle.

THÉODORE.

Explique-toi un peu mieux, Socrate.

SOCRATE.

On raconte de Thalès, Théodore, que tout occupé de l’astronomie et regardant en haut, il tomba dans un puits[2], et qu’une servante de Thrace, d’un esprit agréable et facétieux, se moqua de lui, disant qu’il voulait savoir ce qui se passait au ciel, et qu’il ne voyait pas ce qui était devant lui et à ses pieds. Ce bon mot peut s’appliquer à tous ceux qui font profession de philosophie. En effet, non-seulement un philosophe ne sait pas ce que fait son voisin, il ignore presque si c’est un homme ou un autre animal : mais ce que c’est que l’homme, et quel caractère le distingue des autres êtres pour l’action ou la

  1. Voyez les fragmens de PINDARE. Heyne, t. III, p. 82, 83.
  2. DIOG. LAERC. I, 24.