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teur qui préside à nos entretiens, nous réprimande et nous fasse la loi.

SOCRATE.

Parlons-en donc, puisque tu le trouves bon, mais des coryphées seulement : car qu’est-il besoin de faire mention de ceux qui s’appliquent à la philosophie sans génie et sans succès ? Le vrai philosophe ignore dès sa jeunesse le chemin de la place publique ; il ne sait où est le tribunal, où est le sénat, et les autres lieux de la ville où se tiennent les assemblées. Il ne voit, ni n’entend les lois et les décrets prononcés ou écrits ; les factions et les brigues pour parvenir au pouvoir, les réunions, les festins, les divertissemens avec des joueuses de flûte, rien de tout cela ne lui vient à la pensée, même en songe. Vient-il de naître quelqu’un de haute ou de basse origine ? le malheur de celui-ci remonte-t-il jusqu’à ses ancêtres, hommes ou femmes ? il ne le sait pas plus que le nombre des verres d’eau qui sont dans la mer, comme dit le proverbe. Il ne sait pas même qu’il ne sait pas tout cela ; car s’il s’abstient d’en prendre connaissance, ce n’est pas par vanité : mais, à vrai dire, il n’est présent que de corps dans la ville. Son âme, regardant tous ces objets comme indignes d’elle, se promène de tous côtés, me-