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toute noblesse, en les contraignant d’agir par des voies obliques ; et comme elle expose leur âme encore tendre à de grands dangers et à de grandes craintes, qu’ils n’ont pas assez de force pour affronter au nom de la justice et de la vérité, ils ont recours de bonne heure au mensonge et à l’art de se nuire les uns aux autres ; ils se plient et se rompent en mille manières, et passent de l’adolescence à l’âge mûr avec un esprit entièrement corrompu, s’imaginant avoir acquis beaucoup d’habileté et de sagesse. Voilà, Théodore, quels sont les habiles et les sages de ce monde. Quant à ceux qui composent notre chœur, veux-tu que nous en parlions aussi, ou que, les laissant là, nous revenions à notre sujet, pour ne pas trop abuser de cette liberté de changer de propos, dont il était question tout-à-l’heure ?

THÉODORE.

Point du tout, Socrate, parlons-en ; tu as dit toi-même avec beaucoup de raison que nous qui faisons partie de ce chœur, ne sommes point les serviteurs des discours, mais qu’au contraire ce sont les discours qui sont comme nos serviteurs, et que chacun d’eux attend le moment où il nous plaira de le terminer. En effet, nous n’avons, comme les poètes, ni juge, ni specta-