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auprès de toi, de se défendre de te faire raison ; et je me trompais bien tout-à-l’heure, quand je disais que tu me permettrais de ne point mettre bas mes habits, et que tu n’userais point de contrainte à cet égard, comme font les Lacédémoniens. Il me paraît au contraire que tu ressembles davantage à Sciron[1] : car les Lacédémoniens disent, Qu’on se retire, ou qu’on quitte ses vêtemens ; mais toi, tu fais plutôt comme Antée[2], tu ne lâches point ceux qui t’approchent que tu ne les aies forcés de se dépouiller et de lutter de paroles avec toi.

SOCRATE.

Tu as très bien dépeint ma maladie, Théodore. Seulement je suis beaucoup plus fort que ceux dont tu parles : car j’ai déjà rencontré une foule d’Hercules et de Thésées redoutables dans la dispute, qui m’ont bien battu ; mais je ne m’abstiens pas pour cela de disputer, tant est violent et enraciné en moi l’amour que j’ai pour cette espèce de lutte. Ne me refuse donc pas le plaisir de me mesurer avec toi.

  1. Brigand qui habitait des rochers entre Mégare et Corinthe, et obligeait tous ceux qu’il rencontrait à se battre contre lui, et les jetait dans la mer. Il fut détruit par Thésée.
  2. Fameux lutteur libyen, qui fut vaincu par Hercule.