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la conversation. Or, c’est se conduire injustement en conversation, que de ne mettre nulle différence entre la dispute et la discussion ; de ne pas réserver pour la dispute les badinages et la tromperie, et dans la discussion de ne pas traiter les matières sérieusement, redressant celui avec qui on converse, et lui faisant uniquement apercevoir les fautes qu’il aurait reconnues de lui-même et à la suite d’entretiens antérieurs. Si tu agis de la sorte, ceux qui converseront avec toi s’en prendront à eux et non à toi de leur trouble et de leur embarras : ils te rechercheront et t’aimeront ; ils se prendront en aversion, et, se fuyant eux-mêmes, il se jetteront dans le sein de la philosophie pour qu’elle les renouvelle, et en fasse d’autres hommes. Mais si tu fais le contraire, comme font la plupart, le contraire aussi t’arrivera ; et au lieu de rendre philosophes ceux qui te fréquentent, tu leur feras haïr la philosophie, lorsqu’ils seront plus avancés en âge. Si tu m’en crois donc, tu examineras véritablement, sans esprit d’hostilité et de dispute, comme j’ai déjà dit, mais avec une disposition bienveillante, ce que nous avons voulu dire en affirmant que tout est en mouvement, et que les choses sont telles pour les particuliers et les états qu’elles leur paraissent. Et tu partiras de là pour examiner si la science et la sensation sont une même chose, ou deux