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paraissent agréables à l’homme en santé. Il n’en faut pas conclure que l’un est plus sage que l’autre, car cela ne peut pas être ; ni s’attacher à prouver que le malade est un ignorant, parce qu’il est dans cette opinion, et que l’homme en santé est sage, parce qu’il est dans une opinion contraire ; mais il faut faire passer le malade à l’autre état qui est préférable au sien. De même, en ce qui concerne l’éducation, on doit faire passer les hommes du mauvais état au bon. Le médecin emploie pour cela les remèdes, et le sophiste les discours. Jamais en effet personne n’a fait avoir des opinions vraies à quelqu’un qui en eût auparavant de fausses, puisqu’il n’est pas possible d’avoir une opinion sur ce qui n’est pas, ni sur d’autres objets que ceux qui nous affectent, et que ces objets sont toujours vrais ; mais on fait en sorte, ce me semble, que celui qui avec une âme mal disposée avait des opinions relatives à sa disposition, passe à un meilleur état, et à des opinions conformes à cet état nouveau. Quelques-uns par ignorance appellent ces opinions des images vraies ; quant à moi, je conviens que les unes sont meilleures que les autres, mais non pas plus vraies. Et il s’en faut bien, mon cher Socrate, que j’appelle les sages des grenouilles ; au contraire, je tiens les médecins pour sages en ce qui concerne le corps, et les